
Joe DaGrosa jr.
Le nom de Joe DaGrosa Jr. apparait à l’été 2018 dans la galaxie Girondine. C’est lui qui serait en passe de racheter les Girondins à M6 ….
Joe, il vit en Floride, à Miami. C’est un « fond manager » (c’est-à-dire qu’il n’investit pas (ou peu) lui-même mais gère l’argent de fonds « investisseurs ». Il repère des entreprises en difficulté, les rachète à crédit, les restructure et les revend immédiatement pour empocher une plus-value.
Joe a commencé sa carrière en 1986 comme gestionnaire de portefeuilles au sein du groupe de courtage américain Paine Webber avant de créer son propre fonds, MapleWood Partners, puis en 2003 le fonds 1848 Capital Partners. Son principal fait d’armes ? L’acquisition de 248 enseignes de Burger King en dépôt de bilan pour les revendre en 2006 à un fonds affilié au géant de l’investissement BlackStone.
Joe grenouille également dans le sport et l’événementiel, la vente au détail, l’alimentation et les boissons, l’assurance, l’immobilier, l’hôtellerie, la santé et l’aviation… une sorte de sous-Bernard Tapie.

En 2016, Joe DaGrosa rencontre Hugo Varela. Varela, c’est un portugais qui a été agent de joueurs, de coachs ou encore organisateur de matchs amicaux internationaux pour le Real Madrid, Barcelone, Benfica. Avec lui, Joe découvre le potentiel business du « soccer ». Il fonde GACP Sports LLC et GACP Soccer Holding LLC qui prennent quelques participations dans l’événementiel autour du football.
Varela explique à Joe le fonctionnement du foot européen, les transferts, les agents, les droits TV … tout ce business qui pèse plus de 30 milliards d’Euros à l’échelle européenne. Les yeux de Joe voient des étoiles et il imagine tout le « business » qu’il y a à faire là dedans. Il décide d’acquérir un club de foot européen.
Sa première tentative se fera en 2017 en Espagne, avec Getafe. Mais le deal capote à l’étape de la « due diligence ». La « due diligence » c’est l’enquête sur une personne ou une entreprise avant la signature d’un contrat ou d’un investissement. En clair DaGrosa n’a pas l’argent qu’il prétend avoir …

Qu’importe. Varela le dirige vers les Girondins de Bordeaux qui sont notoirement à la recherche d’un repreneur.
En mars 2018, l’info fuite : Joe DaGrosa est en négociations pour reprendre les Girondins. Nicolas de Tavernost flaire le bon pigeon. Joe vient de rater le deal avec Getafe, il ne voudra pas se louper sur les Girondins. Même si Tavernost a placé la barre très haute.
Les négociations seront longues. Trois fois plus que pour les rachats de l’OM ou de Lille. Ca prouve la détermination des acheteurs, mais aussi celle du vendeur M6, à aller au bout malgré les coups de chaleur.
Le truc, c’est que Joe n’a pas un rond. Ou quasiment pas. Il annonce que « GACP investira 20 ME » mais le montage final démontrera qu’il n’a finalement apporté que 2 ME en cash (et apportera 4ME peut-être plus tard) !
Alors pour trouver les 100 ME exigés par M6 plus le budget nécessaire pour couvrir le budget de la prochaine saison du club, il va aller chercher les fonds KingStreet pour injecter 68 ME sous forme de LBO puis Fortress Group pour un prêt de 40 ME et une ligne de crédit de 55 ME.
Tout ceci au taux exorbitant de 12,5% !!!
Infographie : France Football
La com fera le reste. Joe embauche une talentueuse attachée de presse qui lui apprend comment caresser les médias et les supporters dans le sens du poil, puis défile dans les médias.
Tavernost, sur le point d’encaisser son chèque de 100 ME, est à la parade. Par contre, du coté de la Métropole de Bordeaux, ça traine un peu des pieds.
– Juppé : « Je veux une garantie sur le loyer du Matmut« .
– Tavernost : » Tu ne vas pas me faire louper le deal du siècle pour une garantie. J’ai personne d’autre et si je ne vends pas le board de M6 va me fracasser »
– Juppé : « Bon d’accord. Trouvez une formule et on validera. De toutes façons, en mars je me barre au Conseil Constitutionnel »
Du coté de la presse, peu de monde n’agitera le signal d’alarme. On préfère être accrédité aux conférences de presse de Joe. Il faut dire aussi que pas grand monde dans le monde des médias ne va chercher la petite bête face au tout puissant Nicolas de Tavernost,

Seuls les Ultramarines alerteront clairement sur le danger de l’arrivée des fonds requins, avec des actions et des banderoles sur la rocade et dans Bordeaux. Ce qui agacera fortement Joe, mais ce qui ne changera rien au destin.
En novembre 2018, Joe devient le Président des Girondins de Bordeaux. Il est secondé par Frédéric Longuépée et en arrière plan c’est Hugo Varela qui tire les ficelles du sportif, même si il n’apparait pas dans l’organigramme.
La première communication de Joe à destination des supporters n’a pas été d’annoncer l’organigramme ou des recrues mais « l’amélioration de la nourriture et des boissons proposées au Matmut ». Bienvenue à Disneyland…
Fin février 2019, le duo d’entraineurs Ricardo – Bédouet est remercié. C’est le portugais (tiens) Paulo Sousa qui débarque. Avec 4 adjoints, des drones pour filmer les entrainements et surtout un plan de jeu rare, ambitieux, qui intrigue les uns autant qu’il déstabilise les autres, basé sur des coulissages et dépassements de fonction à gogo.
Paulo, c’est la classe, la séduction. Tout le monde est impressionné par son projet de jeu, les superlatifs ne suffisent pas, la C1 est a portée de main.
Manque de bol, Sousa est le seul à comprendre ses plans de jeu. A l’arrivée, il affiche le pire bilan de l’histoire des entraîneurs des Girondins en Ligue 1, avec une moyenne de 0,73 pt par match.

Pendant ce temps, Joe partage son temps entre Le Grand Hôtel et Miami (aux frais du club). Longuépée recrute des directeurs marketing à tours de bras, Varela place ses copains scouts au club, son pote Eduardo Macia à la direction sportive et mène grand train de vie pendant que la masse salariale du club explose.
En décembre 2019, Joe et Varela sont priés de rentrer chez eux par KingStreet. GACP a vécu nettement au-dessus de ses moyens et un déficit d’environ 35 millions d’euros est aujourd’hui recensé dans les caisses du club. L’issue était donc courue d’avance. Il ne devait en rester qu’un et, comme souvent, le plus gros a fini par manger le plus petit.
Les rêves de business de Joe se sont heurtés à complexité du monde du foot, au mauvais choix des hommes et à la médiocrité de Varela. Les Girondins en ont fait les frais